La truite Fario sauvage

A.A.P.P.M.A. de Bugeat

Sur le plateau, le frai 2011 / 2012 a été complétement détruit par le coup d'eau de la fin d'année 2011, DES TONNES DE SABLE, charriés par les cours d'eau ont recouvert toutes les frayères.

La truite Fario sauvage est le poisson roi des eaux la haute Vézère.

La truite Fario, truite commune, salmo truita. 
La truite Fario fréquente l'ensemble des cours d'eau de la tête de bassin.

La truite fario de la haute Vézère est reconnaissable à sa " robe ",

Cliquer sur sur le fichier ci-dessous.

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La vie de la truite fario:
La truite fario aime les eaux de torrents et des petits ruisseaux, aux eaux rapides et oxygénées. Le fond est caillouteux ou rocheux et la végétation est dominée par les mousses. Carnivore, elle se tient à l'abri d'un gros caillou, sous les berges ou sous les branches immergées de la ripisylve.  Elle capture des petits poissons, des larves d'insectes plécoptères, éphémères, trichoptères et autres invertébrés que le courant lui amène. Elle gobe aussi les insectes qui flottent à la surface de l'eau. Ce beau poisson d' Europe peut mesurer jusqu'à 70 cm, cette taille n'est jamais atteinte sur le Plateau de Millevaches.

La reproduction, le frai  :

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A l'automne, la truite fario en âge de se reproduire remonte le cours de la rivière, à la recherche d'un endroit favorable pour déposer ses oeufs :
 
une frayère 
Celle-ci peut se situer sur la rivière principale ou sur un tout petit ruisseau. La période du frai de la truite fario s'étale d'octobre à janvier.


Une frayère à truites est composée d'un banc de cailloux et de graviers qui forme un dôme face au courant. En ce contorsionnant avec vigueur et en utilisant la force du courant, la femelle y creuse un nid ou elle dépose ses oeufs avant de les recouvrir dès qu'ils ont été fécondés par le mâle." Celui-ci chasse les intrus qui rôdent autour de la frayère, pendant le temps que dure le frai ".

dscn2524.jpgLa truite fario pond une petite quantité d'oeufs : entre 1000 et 2000 oeufs par kilo de son poids ; mais elle en prend grand soin : enfouis sous les graviers, les oeufs donnent naissance à des alevins vésiculés qui resteront là, bien à l'abri des prédateurs et du courant, jusqu'à ce qu'ils aient résorbé la vésicule vitelline qui les nourrit.

Pour ce reproduire, les truites sont exigeantes. Il leur faut d'abord des eaux pures et riches en oxygène; ensuite, une eau très fraîche: moins de 10 degrés, souvent autour de 5 degrés; enfin une faible couche d'eau de 30 cm minimum et un courant assez fort qui, par percolation, oxygène bien les oeufs puis les alevins, tout en évacuant les matières en suspension.

L'incubation des oeufs de la truite fario est la plus longue de toute les espèces et c'est normal : 410 degrés jour, soit environ deux mois, avec une température de l'eau à 7 degrés ( mais 82 jours, à 5 degrés ).
L'alevin vésiculé reste au fond, entre les cailloux, pendant un mois. Enfin, une nuit il sort: c'est l'émergence. Les premiers alevins à émerger se partageront les territoires les plus proches dans la rivière, obligeant les autres à descendre plus bas vers l'aval pour trouver un endroit favorable pour ce nourrir.

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La croissance de la truite du bassin Haute-Vézère est plus lente
.

La sélection naturelle, l'hécatombe:
Au bout d'un an, 5 % seulement des alevins ayant émergé auront survécu. Chaque année, pendant les quatre années suivantes, hors du fait de toute pêche, une truite sur deux meurt. C'est-à-dire qu'au bout de cinq ans, sur 10 000 alevins à l'origine, il reste au mieux 30 truites, soit : 0,3 %.

Informations issues de publications provenant de la fédération de la Corrèze pour la pêche et la protection du milieu aquatique.

La raréfaction de la truite du bassin de la haute Vézère: 

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Les effets des plantations de douglas sur la truite fario:
Le douglas stimule la nitrification y compris en sol acide ( ce qui est le cas du plateau de Millevaches ).
Dans ce cas, les nitrates produits ne sont pas totalement absorbés et leur excès génère de l'acidité que le sol doit neutraliser. Cette réaction produit des composés mobiles dans le sol qui sont en majorité des nitrates d'aluminium car le sol est pauvre et son complexe absorbant est garni majoritairement d'aluminium. Ce composé mobile migre dans les eaux de surface s'il n'est pas immobilisé dans le sous-sol. Il s'agit donc d'un risque potentiel à prendre en compte dans la gestion piscicole et la sylviculture.
Le sol perd de l'azote, les eaux de surface risquent de s'enrichir en nitrates ( eutrophisation ) et en aluminium. ( Dystrophie, acidification, toxicité potentielle car le seuil pour les salmonidés est de 0,2 mg / litre.)
Les expérience réalisées en Beaujolais et dans le Morvan démontrent parfaitement ces processus.
Source :INRA Centre de Nancy : Biogéochimie des Ecosystèmes Forestiers.

Eutrophisation : Pollution par la dégradation d'un milieu aquatique provoquée par l'azote provenant des nitrates.

Dystrophie : Troubles du métabolisme, de la nutrition, de la croissance, dégénérescence.

Aluminium : Par contact ou absorption prolongé de l'eau, l'aluminium provoque; des dommages aux reins, des dommages au niveau du système nerveux central, la démence, la perte de mémoire, des tremblements. L'aluminium a des effets biocide.

Biocide : qui tue la vie.

Il est évident que la filière bois a une très grosse responsabilité en ce qui concerne la croissance et la raréfaction de la truite fario du plateau.

La croissance des truites est faible, du aux faibles ressources trophiques du milieu ( conductivité basse, minéralisation peu importante ). Cette croissance reste dans la moyenne des bassins versants de la haute Corrèze. Elle n'a semble t-il pas évolué en 1977 et 1992. Cependant une étude de la Fédération de pêche de la Haute-Vienne démontre que la truite est en très forte régression.
Il est à noter que sur les parcours, ou la pêche est en " no-kil = graciation ", ces parcours jouent bien leur rôle, puisque la proportion d'individus capturables 20 cm est passée de 7,06 % en 2003 à 26,72 % en 2007. Le nombre de truites proche de la taille légale ( entre 18 et 20 cm ) augmente aussi.

La qualité de l'eau, la pression de pêche ( les prélèvements ) sont des facteurs de la raréfaction de la truite commune.
Le fait de réduire le nombre de prise aura donc un effet positif sur la population. Le nombre de prise de truite ( 20 cm minimum taille légale ) qui passe de 10 à 6 en 2012 n'est qu'une étape.

Notre information:
Suivant les études de nombreux spécialistes qui ont mené des actions de sauvegarde en d'autres départements, il faut ramener le nombre de prise à 3 par jour et par pêcheur pour arriver à des résultats significatifs.

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La truite fario est sur le bassin Haute -Vézère en gestion patrimoniale depuis 1970.


L'important coup d'eau du mois d'avril a provoqué des inondations sur le Plateau de Millevaches, les eaux baissent rapidement et laissent voir un nouvel ensablement. Cet ensablement tout aussi important que celui qui a détruit le frai 2011/2012 provoque aussi la destruction de la faune des macroinvertébrés benthiques. De quoi vont se nourrir les truites sans cette manne essentielle de la chaine alimentaire sachant que la ripisylve en très forte régression sous la pression des résineux ne peut plus apporter le complément alimentaire qu'étaient les insectes qui tombaient dans les eaux.

Notre truite sauvage, la reine des eaux du Plateau de Millevaches, en forte régression et atteinte de nanisme, est elle condamnée à disparaître ?

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